Asaphell-7306-Responsable

Commencement

C'est en une nuit de terreur et de haine que naquit l'enfant...
Tout encore dégoulinant de son propre sang, son regard de braise passait de porteurs en porteurs...
La cérémonie était fin prête... La lune brillait... pleine.
Mais en ces lieux, personne ne portait aucune attention à elle... Ils étaient en un lieu sur, protégé par leurs arcanes.
Plus rien ne manquait pour mettre en œuvre ce qu’ils projetaient pour ce bébé garou .
Les vampires se pavanant dans leur cape jubilaient... Leur teint blafard contrastait avec les lueurs orangées des flammes... Le feu mourant du bûcher installé à l’écart faisait encore tressaillir certains d’entre eux ...
Ils jetaient néanmoins quelques regards sans remords sur les restes réduits en cendres de celle qui avait mis cet enfant au monde... Plus jamais la lune n'aurait raison de ce corps...
L'affaire était close...
Regardant ce petit être de chair se débattre, ils ressassaient sans cesse leurs projets.. Tout était parfait...
Les cornes de brume sonnèrent. Les tambours se mirent à battre la chamade... scandant les derniers battements de cœur du petit corps agonisant.
La tension se fit d'un coup plus pesante. L'enfant terrifié se mit à geindre de plus belle... Il saignait abondamment... pourtant, il était primordial qu’il lui reste un souffle de vie.
Un être qui resterait à jamais aussi chétif, ne servirait pas les plans du clan !
Les vampires n'avaient aucun respect pour ce petit corps si frêle dont les cheveux noirs incrustés de sang reflétaient la lueur divine ...
Le maître hésita... il pris l'enfant par les pieds et le jaugea par-dessus l’autel de marbre noir.
"Fergus, mon plus fidèle serviteur, il est grand temps d'agir... cet enfant sera l'avènement de la fin des lycans.
C'est pour quoi je veux que tu lui enseignes tout ce que tu sais quand le temps sera venu.
Mais en attendant terminons le rituel thaumaturgique
D’un geste ferme, un sourire cruel aux lèvres, il déposa l’enfant dans une vasque de cuivre rouge.
Fergus savait ce qu'il restait à faire...
Son bras fut entaillé et par un curieux procédé, son sang et celui de l'enfant furent mélangés...
Le lien était désormais scellé entre l'enfant et son nouveau maître. D'enfant lycan, il était devenu une créature féale de ceux la-même qui venaient de briser sa vie.
Les vampires songeurs regardaient silencieusement la scène, prêts à intervenir à leur tour.
Quand l’ordalie toucha à sa fin, ils communièrent à leur manière avec l'enfant...
Il était maintenant grand temps de se retirer en un lieu secret en attendant de parfaire l’ éducation de ce nouvel infant si particulier...
Nul ne s’était soucié que la victime soit une fille.
Le maître de la chantrie était satisfait, ses suivants avaient accompli leur devoir. La partie la plus difficile du projet était accomplie, rien n'allait entamer leur enthousiasme.
Quelques calices hagards permettraient à chacun de fêter dignement l’événement
L'enfant était celui qu'ils voulaient , au temps prévu.
L'affaire était entendue...

Errance

Six années de sang…

La forteresse du haut de son plateau enneigé régnait sur tous les alentours.
Sa grande tour surplombait les pics rocheux avoisinants.
La tempête faisait rage, pourtant tout semblait paisible…
Nulle âme qui vive n’aurait été assez stupide pour troubler son sommeil.
Les vampires pouvaient reposer en paix.
L’enfant comme à son habitude s’était levée très tôt.
Son petit corps n’occupant qu’à peine la moitié du cercueil, il luttait toujours quelques secondes avant d’en ôter le couvercle.
Les brûlures et marques en tous genres lacéraient son dos, souffrance sourde et abrutissante, rappel lancinant du châtiment qu’il avait reçu la nuit dernière.
Les vampires ne lui laissaient aucun répit. Chaque faux pas était dûment payé.
La lune dont la lumière entrait dans la pièce par d’étroites meurtrières se reflétait sur son visage, tout en donnant du lustre à son teint blafard et translucide.
Ses pommettes saillantes tranchaient sur son visage hagard.
Il était presque totalement exsangue. La faim achevait de ravager le petit corps frêle miné par tant de tortures.
Il n’avait pas été nourri depuis plusieurs jours.
Quand, soudain, son regard se figea.
Au fond de la pièce, reposait un homme, ils l’avaient aux trois quarts vidés, pensant obliger la fillette à tuer en se nourrissant.
Mais maintenant, une odeur à la fois doucereuse et putride voguait dans la pièce. Pour les sens exacerbés de l’enfant l’odeur était quasi-tangible, c’était à en donner la nausée.
Ces idiots n’avaient pas pensé que confronté au même rigueurs que l’enfant, l’humain ne survivrait pas.
Le fait que la chair soit froide ne la dérangeait pas. Elle y était parfaitement habituée.
Le goût de la viande légèrement faisandée avait réveillé en elle des instincts ancestraux.
Même si l’odeur acre du sang en décomposition la faisait frémir…
Les vampires ne lui laissaient pas le luxe de pouvoir se nourrir normalement.
C’était de sa faute.
Tant que cet infant refuserait de chasser de son plein gré, les vampires continueraient de la traiter ainsi.
Elle était sous leur emprise et n’avait qu’à coopérer.
Concentrée et maintenant accroupie, elle restait là à contempler le cadavre, se demandant ce qui aurait bien pu être son histoire, son passé.
Cette étrange créature gisant sur le sol, en partie démembrée, son corps criblé de morsures, quasiment dépourvue de vêtements.
Asaphell ressentait de la pitié pour elle et d’un geste tremblant se mit à caresser l’étrange toison qui la recouvrait.
D’un geste las, elle se remit sur ses pieds et d’un regard fit venir danser des flammes au creux de ses mains, à l’endroit où elles étaient rentrées en contact avec la créature, afin de les purifier.
Les vampires, s’ils la voyaient n’hésiteraient pas à la punir davantage.
Le feu les terrifiait et chaque fois qu’elle en avait fait usage, elle avait à subir le plus terrible courroux dont ils étaient capables.
Pourtant Asaphel ne pouvait se passer du feu, il faisait parti intégrante de sa vie et était son guide dans la plupart des situations.
D’un regard, elle mit fin au ballet envoûtant.
Il était temps pour elle de voir si elle était encore prisonnière.
D’un bond, elle se dirigea vers la porte massive qui condamnait la sortie de la crypte depuis plusieurs jour.
Celle-ci malgré ses efforts, demeura fermée.
Captive, elle demeurait donc encore et toujours…

Le conseil

Les vampires chuchotaient, tous sans exception avaient le teint vermeil.
La douce mélodie de leur murmure envahissait la pièce.
Ils avaient déjà dîné et pouvaient désormais s’entretenir de ce qui les réunissait ici.
L’agitation des ancillae se ressentait chez les plus jeunes qui avaient peine à rester en place..
Luna peut soucieuse de leur complot, dont la lumière était filtrée par les hautes fenêtres à barreaux, faisait danser la poussière qui tournoyait sans cesse autours des spectres de la mort.
Le grand régent assis dans son trône d’ossements et de velours attendait l’accalmie générale.
Sa robe, sable, sang et or, mais stricte, sans drapés ni autres fioritures contrastait avec l’aura de majesté qui émanait de sa personne
Tournoyant distraitement de ses ongles effilés et sales, ses longs cheveux blancs. Il parcoure de ses yeux de sang, l’assemblée de ses pairs. Il fait croire qu’il est d’humeur maussade, il a même modifié son aura, on n'est jamais trop prudent, néanmoins un sourire sadique étire ses lèvres.
Ainsi donc l’expérience de l’infant lycan était un échec.
Bien, il jubilait. Il n’avait jamais accepté ni cru en ce plan imaginé et imposé par Vienne
Tout en voyant mentalement les supplices qu’il pourrait bientôt faire à la créature féale dont il avait ordonné la création 6 ans auparavant. Il ressassait le discours qu’il allait bientôt devoir prononcer.
Un peu trop repu de sang, son esprit euphorique, il avait du mal à se concentrer. Maintenir la barrière, ce chien peu utiliser Ivy contre moi ! Non il n’oserait pas, pas encore.
Il fixait désormais le maître de l’infant, Fergus, dont les cheveux noirs et gras recouvraient en partie le visage.
C’était de sa faute s’ils en étaient arrivés là, ainsi donc allait-il payer lui aussi.
Mais bien entendu la punition qui l’attendait serait moins capitale.
Perdre la face, une partie de son influence et de son statut !
Voir torturer et mourir l’infant suffirait.
Pour l’instant, du moins, son suivant devenait par trop ambitieux !
Tout cela était parfait et servait doublement ses plans secrets !
Ainsi donc convaincu, s’apprêta t’il à entamer son cher discours….
Au moment ou il se leva, tous étaient à l’écoute :
« Moi Régent de la chantrie ainsi réunie !
Je jure ici ma loyauté éternelle à la Maison et au Clan, à tous ses membres. Je suis de leur sang et ils sont du mien. Nous partageons nos vies, nos buts et nos réussites.
Aujourd’hui il est grand temps d’agir…En notre sein, se trouve une menace sans nom…
L’infant garou créé, il y a maintenant 6 ans, est un être borné et ne veux en aucun cas coopérer.
S’enfermant dans un profond mutisme, il refuse d’échanger la moindre parole.
Mais, loin de nous laisser abuser, nous avons compris son manège.
Souhaitant garder le pouvoir à son unique avantage, il emmagasine des connaissances pour pouvoir le jour venu se retourner contre nous.
Ses facultés pyromancienne et son caractère mi-diurne mi-nocturne nous mettent à sa merci.
Il est donc grand temps d’agir et de nous protéger de cette abomination.
Je demande donc qu’ayant brisé le serment qui nous unis tous, elle soit exclue de la Maison et du Clan. Et exige sa mort pour que son existence ne continue pas dans la dégradation et l’infamie.
Ainsi donc j’attends votre assentiment, frère de sang. »
Le régent avait parlé, il était tant pour l’assemblée de d’entériner sa décision…

Cours petite sœur…

Le souterrain…
En dessous de la grande bibliothèque, il serpente dans les entrailles du château et débouche dans les montagnes alentours.
Bannie, elle avait été bannie.
Les yeux aveuglés par des larmes de sang, elle trébuchait sur le sol caillouteux.
Seul, le corbeau qui la précédait, savait ou son périple allait s’achever.
Dans sa tête résonnait encore la voix de son mentor dont les accents de paniques vrillaient alors ses tympans
Son allure en cet instant n’était plus que le pâle reflet de l’ancien qu’il était.
Tout son être irradiait de terreur.
Sa longue cape grise était maculée de poussière.
Des gouttes de sueurs écarlates perlaient de toute part.
« Asaphell je ne puis te garder plus longtemps.
Il va falloir que tu ères désormais seule telle un paria et veille à ta propre survie.
Le temps est désormais compté. »
Ce qui avait suivi ensuite, Asaphell avait du mal à s’en souvenir.
Dans la noirceur du souterrain les flammes au creux de ses mains faisaient danser les ombres sur les parois de pierre et prudemment elle continuait son ascension.
Les dédales…Le noir…Le sang…Des cris…
A la sortie, elle déboucha sur un étroit sentier apparemment abandonné depuis des lustres.
Des ronces ainsi que quelques buissons rabougris barraient la route…
Le pâle reflet de l’aube naissante inondait la végétation environnante.
N’ayant que son petit corps meurtri à lui opposer, Asaphell luttait.
Moult questions tiraillaient son esprit, son allure encore ralentie par sa curiosité. En effet, elle n’avait jamais connu que les laboratoires du château, ses culs de basses fosses putrides et les dédales de sombres couloirs qu’elle avait bien trop longtemps arpenté.
Un nouvel horizon s’offrait à elle, le soleil, astre naissant, illuminait de rouge et de plusieurs nuances orangées le paysage encore cerné de brumes.
Et c’est vers l’astre de feu naissant que le corbeau semblait se diriger.
Ailes d’encres tranchant avec le chatoiement du ciel, il voguait droit devant Asaphell.
Le soleil pour allié, il était temps pour elle de commencer son périple par delà les montagnes à la recherche de réponses, d’apaisement pour ce bouillonnement d’idées et de questions.
Avec son familier pour seul guide, elle entama donc son chemin vers la liberté.

Enfin chez soi

Asaphell était aux aguets.
Epuisée, elle se reposait à même le sol.
Scrutant de ses petits yeux couleur de sang, les étranges mégalithes qui se dressaient devant elle.
Les oreilles attentives, elles essayaient de percer chaque son aussi furtif et inaudible soit-il.
Le corbeau posté a ses pieds, immobile, scrutait les environs lui aussi.
Voilà deux jours qu’il avait stoppé son avancée.
Ils étaient arrivés.
La nuit ils avaient pu voir d’étranges créatures roder en ces lieux :
mi-hommes mi-loups, une toison recouvrant certaines parties de leur corps,
des loups à leur suite hurlant de temps à autres a la lune et d’autres créatures difformes les précédant..
Humant l’air ambiant, ils avaient certainement flairé leur présence.
Mais étrangement nul d’entre eux n’était venu à leur rencontre.
La journée s’écoula lentement.
Les ténèbres emplissaient maintenant l’air ambiant.
Toujours immobile, Asaphell attendait toujours.
Quand une horde de loups apparut à la lisière des bois.
Asaphell minuscule face à eux, s’avança dans leur direction.
Il était temps pour elle d’agir.
Se transformant, elle se dirigea donc vers la meute fantomatique.
Dès qu ‘ils la virent, celle-ci s’élançât vers elle rapidement, commençants à charger
Asaphell se plaqua aussitôt au sol et se mit sur le dos, imitant le comportement des chiens et loups qu’elle avait longuement observé durant son périple.
Affichant sa soumission, elle attendait la suite des évènements.
Minuscule face à eux, ils mirent fin à leur course.
Un grand loup dont les muscles saillaient dessous une toison d’un noir de geai, alla à sa rencontre.
Il avança son museau effilé pourvu des crocs d’acier, vers l’étrange petit chiot noir à ses pieds.
Il le flaira longuement.
L'odeur des infidèles envahissait ses narines.
Il fallait être prudent.
Quand soudain quelque chose sur les pattes antérieures de la petite créature immobile le fit tressaillir !
Une marque noirâtre dépourvue de poils à l’aspect d’un petit arbrisseau…
« Anael… »
Cela faisait maintenant six ans que sa sœur avait disparu aux prises avec les vampires.
Six ans, cela pouvait être l’age du petit devant lui
« Ne craint rien mon enfant, te voilà le bienvenu chez toi. »
Prenant Asaphell dans sa gueule, il se dirigea donc vers l’entrée de la fôret.
La meute a ses trousses.
A l ‘intérieur, il déposa doucement Asaphell au centre d'une clairière.
Les loups formaient désormais un cercle autours d’eux où désormais s’étaient ajoutées de nombreuses créatures.
Asaphell n’osait faire aucun mouvement.
Le grand loup noir a ses cotés l’intimidait.
Celui-ci commença sa transformation, le feu des torches illuminant désormais les changements qui s’opéraient en lui.
Au fur et à mesure il se redressa, les poils qui le recouvraient se firent de plus en plus rares,
Et désormais aux cotés d’Asaphell, se trouvait un humain d’une quarantaine d’année dont les cheveux noirs en bataille inondait le visage.
Ses yeux de sang parcouraient l’assemblée.
« Mes chers frères, aussi incroyable que cela puisse paraître,
L’enfant de ma sœur Anael est désormais parmi nous,
Je vous pris de bien vouloir l’accueillir en notre sein,
Et de faire preuve d’une grande hospitalité à son égard.
Nul ne sait comment il est arrivé ici, ni de quelle manière il est parvenu à sortir des griffes des infidèles.
Mais la marque qu’il possède est une preuve de sa loyauté envers notre Déesse et sa lignée.
Ne soyez point anxieux jeunes frères.
Son destin est déjà sans doute bien plus lourd à porter que ne le sera , je l’espère, jamais le votre ! »

Prenant le petit chien noir dans sa gueule, il entama sa course se dirigeant tout droit en pensée vers un édifice parsemés de symboles étranges d'où se dégageait une aura de vie, sombre.

Bienvenue en sphère noire, Asaphell.
Qu'Ivy te vienne en aide.

Et c'est ainsi que la petite fille atterrissa parmis tous ces tontons et tatas et devint l'apprenti du grand prètre noir de ce village : Hazeel.